Possession Matérielle

C’est ton nom. En boucle, je me répète ton nom comme si je ne devais pas l’oublier. Le pain, le vin, les fleurs,… Tu t’es invité à la fête. La liste de courses à peu près claire. Je ne rapporte rien, le ventre tordu, les bras ballants. Des kilomètres dans les rayons et le corps surgelé, il n’y a pas ce que je cherche. Des allées sans faim et des paniers à ras bord, les marques pour reconnaître ce qui nous manque. Je ne me rappelle jamais des visages. Le goût d’une pomme prise dans la corbeille de fruit, la façon dont une grenade éclate sur le coin de la table. Des signes inutiles, les biscuits que tu préfères, le lait que je ne parviens pas à digérer. C’est encore l’odeur des draps dans la lessive, plus blanc que blanc. Ce qui reste de plus intime avec l’odeur d’amande de ton gel douche. J’achète ce qu’il me reste de toi, jusqu’à la marque de tes caleçons. C’est idiot, c’est commun. Le supermarché est rempli de nos drames ; on ne finit pas de payer. (…)

TV4+Cover
Texte écrit en septembre 2017 – Extrait
Lu publiquement à Lille en octobre 2017 lors du festival Littérature, etc
Publication Terrain Vague n°4, mars 2018

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